Agitation dans le bocal
Agitation dans le bocal
Le mois de mars dernier a vu naître la première édition du « mois du vrac », une campagne d’information impulsée par Réseau Vrac sous l’égide du ministère de la transition écologique. Cette campagne visait à promouvoir l’achat en vrac auprès des consommateurs alors que ce secteur connaît une baisse de fréquentation après des débuts pourtant très prometteurs.
En effet en seulement 5 ans, le territoire s’est enrichi de plus de 350 épiceries spécialisées, passant de 20 en 2015 à presque 400 en 2020, commerces fixes et ambulatoires confondus. Si les magasins bio ont élargi leurs rayons vrac, les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) ont bien évidemment elles aussi appris à surfer sur les silos du vrac. Cet engouement s’explique certainement par la prise de conscience des consommateurs des défis écologiques. Un français moyen jette actuellement environ 50 kilos d’emballages ménager par an. Porté par la vague ZD (Zéro Déchet), popularisée par Jérémie Pichon le papa de la famille (presque) ZD, faire ses courses en vrac relève d’une vraie démarche citoyenne.
Malheureusement cet élan vertueux s’est pris les pieds dans la crise sanitaire. Un an seulement après la promulgation de la loi anti gaspillage qui définit la nécessité de favoriser la vente en vrac, les
épiceries spécialisées accusent une diminution de fréquentation de 30% environ depuis mai 2021. Alors que pendant le premier confinement, beaucoup de Français affirmaient prendre conscience des
vraies valeurs avec un retour en force du fait-maison et des achats locaux, le « monde d’après » n’est finalement pas si éloigné de celui d’avant.
Si la réticence à utiliser un matériel commun en période de crise sanitaire peut s’entendre, le manque d’intérêt soudain pour le vrac prend sans doute racines ailleurs. Et ces racines sont bien ancrées : le consommateur doit acheter vite, beaucoup et à petit prix ! La contrainte que semble imposer l’achat en vrac dans des épiceries spécialisées ne fait pas le poids devant la facilité d’accès des GMS, ses prix attractifs et l’essor du drive.
Enfin, le moral du citoyen et donc du consommateur n’est il pas tout simplement en berne ? Succession des crises et désillusion entraînent fatalement un manque de motivation. Espérons que nos épiciers ZD n’en fassent pas les frais…
Bien sûr tous les agités du bocal charentais ont la possibilité de dépenser leurs bulles en vrac !
Sources :
- reseauvrac.org
- Commerces spécialisés vrac. Caractéristiques et perspectives d’un nouveau modèle de distribution. Synthèse de septembre 2020 publiée par Réseau Vrac.
- Famille presque zéro déchet : Ze guide, J. Pichon et B .Moret
- Loi antigaspillage pour une économie circulaire. www.ecologie.gouv.fr
- Photos de Polina Tankilevitch et SHVETS Production- Pexels