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Le comité scientifique SSA16 : Quand les cerveaux s’invitent à table

🧠🥦 Le comité scientifique SSA16 : Quand les cerveaux s’invitent à table

L’expérimentation de la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA) en Charente, c’est déjà un projet audacieux : distribuer des bulles pour permettre à toutes et tous de mieux manger, sans passer par la case “humiliation en file d’attente pour colis alimentaire”. Mais cette aventure n’a rien d’un simple projet de terrain improvisé entre deux marchés bio. Elle est aussi… scientifiquement sérieuse (oui, vraiment).

Et pour ça, dès le lancement, nous avons eu une idée un peu folle (mais lumineuse) : monter un comité scientifique.

Un comité, pourquoi faire ?

Parce que quand on touche à quelque chose d’aussi vital, politique, culturel et symbolique que l’alimentation, il ne suffit pas de dire “ça a l’air de marcher”. Il faut pouvoir le prouver, le documenter, l’expliquer, et même — soyons fous — le transmettre. Et ça, ça ne se fait pas sans méthode.

Alors nous avons réuni autour de la table un joyeux mélange de :

  • médecins, chercheurs, épidémiologistes,
  • sociologues, politistes, économistes, agro-écologues,
  • et même des gens qui savent lire des tableaux Excel sans froncer les sourcils.

Bref, un comité transdisciplinaire, un peu comme un couscous bien garni : chacun apporte sa saveur, mais c’est la combinaison qui donne du sens.

Le rôle du comité ?

  • Construire les outils d’évaluation (questionnaires, grilles, indicateurs…)
  • Suivre les effets du dispositif SSA (santé, comportements, perception, etc.)
  • Apporter une lecture croisée : sanitaire, sociale, économique, démocratique…
  • Et surtout, éviter qu’on dise dans 5 ans : “ah zut, on aurait peut-être dû mesurer ça…”

Recherche-action ? Kesako ?

La recherche-action, ce n’est pas de la science en blouse blanche, éloignée du terrain.

C’est une méthode engagée, qui vise à produire des connaissances tout en transformant la réalité.

Concrètement, elle repose sur un double objectif :

  • Mieux comprendre un système social (ici : alimentation, précarité, santé…)
  • Changer ce système, avec et pour les personnes concernées

C’est exactement la posture portée par le Dr Marine Grosset, à la fois praticienne hospitalière, actrice du projet SSA et chercheuse embarquée. Er du professeur Yannick Lung à la fois professeur d’économie et président de la MLC de Gironde. 

Elle et il n’observent pas de loin : elle et il co-construisent, testent, documentent et tirent des enseignements pour nourrir à la fois la pratique médicale, la politique alimentaire… et la recherche.

Une démarche précieuse dans un projet comme la SSA, où l’humain, la santé et la démocratie se croisent dans chaque assiette. 

Mais la recherche action a aussi ses biais comme celui de complaisance ou l’objectivité peux être partiale. Ainsi pour limiter ce biais il faut aussi des chercheurs-observateurs.

Pourquoi la recherche-action n’est pas (juste) une affaire de chercheurs

La recherche-action, par définition, repose sur un principe fondamental : produire des connaissances avec, et non sur, les personnes concernées.

Autrement dit, si on confie tout le processus à des scientifiques isolés dans leur tour d’ivoire, on rate complètement le point. Par contre ces 2 types de recherches sont complémentaires et indispensables pour augmenter la puissance de l’étude. 

👉 Parce que la recherche-action, c’est aussi de l’action.

Et cette action doit être portée, discutée, vécue par les acteurs de terrain : les citoyen·nes, les professionnel·les, les institutions, les associations.

C’est en confrontant les savoirs savants, les savoirs d’usage et les savoirs militants qu’on produit du sens… et du changement.

👉 Parce qu’il n’y a pas de neutralité dans l’alimentation.

Observer la précarité alimentaire sans la vivre, ou réfléchir à la transition sans cuisiner, c’est risquer de tomber dans la théorie sèche.

Dans une démarche comme la SSA, les bénéficiaires, les épiciers, les régisseurs, les soignant·es, les agents publics… sont aussi co-producteurs de savoirs.

👉 Parce que l’humilité est un moteur.

Les chercheur·es en recherche-action ne sont pas là pour imposer une grille de lecture, mais pour faciliter des prises de conscience, accompagner des expérimentations, et ajuster les outils au fil du réel.

C’est pourquoi notre comité scientifique est hybride : chercheurs, praticiens, agents publics, militants et porteurs de projet y réfléchissent ensemble.

Ce n’est pas “la science au service du projet”. C’est le projet comme matière vivante de la science.

Pourquoi vos réponses comptent (vraiment)

Une phase 2 est déjà envisagée (si le budget suit), avec le même sérieux scientifique. Et qui sait ? Peut-être qu’on pourra bientôt démontrer, chiffres à l’appui, que manger mieux n’est pas un luxe, mais un droit, et que l’alimentation mérite, elle aussi, sa branche de sécurité sociale.

Merci…

…à celles et ceux qui répondent, relisent, analysent, critiquent, améliorent.

Et merci à vous, lecteur·rice de cette lettre, d’être partie prenante d’un projet où l’on pense l’alimentation… autant qu’on la mange.

Portrait Marine co-ambassadrice bulle

 

Marine Grosset, bénévole chercheuse